expression de vie

Voici le résumé de ce que je nomme un "voyage". 

C'est un rituel "chamanique" qui m'a été inspiré. Je fais en sorte d'être dans la pénombre et allume une bougie qui symbolise mon intention. Ensuite je me plonge dans un bain très chaud. J'utilise alors un enregistrement de battements de tambour pour m'accompagner.

Si vous n'êtes pas familiarisés avec le chamanisme, vous pouvez "voir" cette pratique un peu comme celle du "rêve éveillé". 

Je trouve rapidement une entrée afin d'accéder au monde d’en bas. Celle-ci me semble désormais « mon » entrée familière. Il s’agit d’un petit terrier situé au pied d’un vieil arbre près d'un lac. Je me glisse en lui, mon animal de pouvoir me précède, descente rapide et aisée dans le tunnel qui, à un moment, remonte quelque peu avant de déboucher sur un paysage de roches et de végétaux qui me semble familier, il m’évoque le Quercy. Ce qui va suivre est tellement dense que je ne peux tout relater et replacer dans un ordre chronologique. Parfois je touche à de fortes émotions qui m’arrachent des torrents de larmes libératrices. A d’autres moments je prononce des mots, des phrases ou émets simplement des sons.

 Me voici en train de courir à la suite de mon amimal; par instant je me calque sur sa façon de se déplacer à quatre pattes. Il m’entraîne rapidement en Auvergne. Le ton est donné, le Quercy et l’Auvergne, mes origines. Arrivés sur les lieux, le puits de mine de La Combel, celui où mes ancêtres sont descendus, nous prenons l’ascenseur afin de nous enfoncer encore plus profondément dans les entrailles de la terre, dans le monde d’en bas. J’ai bien conscience de cette descente en deux étapes. Ce que je vois alors dans le boyau fait parti du passé, peu de machine, des pics, des chevaux, des lampes à pétrole, je contacte l’énergie de mon arrière grand-père puis rencontre mon grand-père maternel Raymond; nous nous prenons dans les bras, je lui dis que je l’aime, nous sommes très heureux de partager cet instant. C’est bon. Là aussi je perçois le « travail », il s’oriente vers une dimension masculine qui résonne en moi, celle d’une fraternité d’hommes. D’un seul coup la symbolique du charbon s’impose à mon esprit. Ces grosses pépites denses, toutes noires et dures, avec leurs facettes brillantes les faisant ressembler à de gros diamants noirs, s’identifient brusquement à mes émotions négatives, ressentiments, peurs, angoisses, souffrances, culpabilité, etc. Elles prennent feu et brûlent dégageant alors une douce chaleur au niveau de mon cœur ainsi qu'une belle lumière jaune orangée. Elles finissent, comme mes émotions, par se dissoudre, elles si denses deviennent légères, inconsistantes et d’une couleur apaisée, gris clair. Comme elles gardent forme je les touche avec mes mains; elles tombent alors en fine poussière, en cendres légères qui se dissolvent et disparaissent.

A un autre moment, toujours à la suite de mon animal qui me précède dans ce voyage, nous débouchons à Espédaillac émergeant par l’orifice du petit gouffre situé tout près de la mare aux canards. Quercy, Auvergne, Quercy, le travail continue au niveau de mes « racines » et toujours dans une bonne énergie « masculine ». En émergeant de ce petit gouffre, je ressens de suite l’appel de ma terre, je me roule dedans, la respire. Elle vient d’être retournée en sillons frais par la charrue et laisse entrevoir sa belle couleur brune parsemée de petites pépites de rocailles blanches. C’est au tour de mon grand-père paternel Hubert de m’accueillir; nous nous enlaçons, c’est bon, cela nous rend heureux. Je constate que les énergies de mes deux grands-pères sont très différentes mais tellement  complémentaires comme l’était leur entente, elles viennent délicatement nourrir mon âme. Je sais désormais pourquoi ces deux hommes s’appréciaient autant de leur vivant. Viennent alors des périodes qui confortent ce doux travail de réconciliation avec mon énergie masculine. Je vois mon guide shamann m’insuffler des « portions » entières semblant appartenir à de nombreuses vies antérieures. Je retrouve cette sensation exaltante d’appartenir, en différentes communautés, à des fraternités anciennes, cercles d’hommes, véritables frères de parcours. En Quercy d’abord où je suis reconnu et accueilli, fêté, enlacé, touché, me sentant en communion intense avec cette puissante et apaisante énergie de la horde, de la harde, de la meute ancestrale, originelle, cette fraternité masculine sécurisante, bienveillante. Nous sommes unis, nous pouvons absolument compter les uns sur les autres en toute confiance. Je visite ensuite une communauté similaire où je semble être un shaman indien en osmose parfaite avec le Chef et tous les membres de notre tribu. Nous sommes une entité, chacun a sa place, son rôle, chacun existe en tant que tel mais en même temps en comme un tout, une tribu. Nous nous apportons de l’amour, nous sommes forts de ce sentiment. Shaman, je suis chargé avec le chef de veiller sur les hommes, sur mes frères que nous avons la responsabilité de guider. Quelles sensations d’harmonie, de réciprocité, d’égalité en toute différence, c’est tellement beau et émouvant de ressentir à nouveau en moi de telles émotions. Les hommes m’entourent et viennent en dansant au son du tambour à mon contact, cérémonie sacrée où nos corps deviennent un seul corps, une tribu. C’est au tour des femmes qui jusqu’à présent étaient restées à l’écart d’approcher. Elles viennent également autour de moi, le cercle se rétrécit et je sens de plus en plus leurs odeurs, leurs chaleurs, leurs corps qui touchent mon corps. Alors s’impose en moi l'énergie de celle en qui j'ai accompli ma "gestation", ma "transformation" à partir de ces deux éléments complémentaires que sont le spermatozoïde et l'ovule. Quelle séance, quel voyage, je suis certain d’en avoir oublié des épisodes. Ah si, un autre me revient en mémoire, la peur intense éprouvée un instant devant le "réalisme" de cette pratique, celle de me perdre; j’ai alors le réflexe de lâcher prise, reprenant simplement le symbolisme du morceau de charbon. Cette peur se transforme en un immense boulet d’anthracite bien noir et brillant qui s’enflamme et brûle, alors elle s’envole en fumée. Le retour sera facile et paisible.