expression de vie

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Mirko Beljanski

Voici 2 Articles traitant du "cas" de Mirko Beljanski afin de vous faire une idée.

(sources : "Passeport Santé" et "Le Point")

Des produits naturels pour traiter les cancéreux

 

29 octobre 2001 – Les « produits Beljanski », des extraits à base de plantes, s'attaqueraient aux cellules cancéreuses en préservant les cellules saines. Non toxiques, ils permettraient également aux patients de beaucoup mieux supporter les traitements de chimiothérapie et radiothérapie et même de les rendre plus efficaces. Natural Source International, la compagnie qui fabrique et distribue ces produits, était de passage au Québec en octobre pour donner une série de conférences sur le sujet.

Petit historique

L'histoire des produits Beljanski est très complexe : actuellement fabriqués aux États-Unis, ils n'ont jamais été approuvés comme médicaments en France, malgré les tentatives en ce sens de Beljanski et de son équipe. Pourtant, selon Natural Source International, des milliers de personnes utilisent ces traitements pour traiter leur cancer sous la supervision de certains médecins.

Mirko Beljanski, chercheur en biologie moléculaire à l'Institut Pasteur en France pendant 30 ans, a publié plus de 130 travaux dans des revues scientifiques entre 1949 et 2000; il est décédé en 1998. Au cours des années 1970, le professeur Beljanski a émis des hypothèses avant-gardistes sur le fonctionnement du code génétique, plus particulièrement sur le rôle clé de l'ARN et sur une enzyme appelée la transcriptase inverse. Cependant, ses recherches ont été ignorées par la communauté scientifique française, notamment, parce qu'elles allaient à l'encontre des hypothèses admises à l'époque en biologie moléculaire : on pensait que l'ADN était le support unique du code génétique de la cellule et que l'ARN était un simple messager1. Les hypothèses de Beljanski seront néanmoins confirmées par des chercheurs américains au cours des années 1980 : l'ARN peut être transcrit en ADN grâce à la transcriptase inverse. Ces travaux ouvriront de nouvelles perspectives sur le fonctionnement du cancer. On comprend, entre autres choses, que l'ADN des cellules cancéreuses est déstabilisé : les brins des chaînes sont désappariés (écartés), ce qui rend les cellules fragiles aux attaques de certains agents cancérogènes et active leur réplication : un cercle vicieux est alors enclenché.1.

Au cours de ses travaux, Beljanski met au point un procédé d'analyse (Oncotest) qui lui permet de détecter en quelques heures le potentiel cancérogène d'une substance à des concentrations très faibles2. Grâce à ce procédé, il identifie deux plantes dont les alcaloïdes agissent de façon sélective sur les gènes des cellules cancéreuses : par un processus mécanique qui resserre les liens d'ADN désappariés, elles bloquent le fonctionnement des enzymes de réplication et de transcription et provoquent la mort de la cellule cancéreuse, sans léser les cellules saines3. Voilà qui est intéressant puisque le principal problème de la radiothérapie c'est qu'elle détruit tout, même les cellules saines.

Des produits et des plantes

La flavopéreirine, tirée du Pao pereira (un arbre d'Amazonie), agirait sur toutes les formes de cancer, tandis que l'alstonine, tirée du Rauwolfia (une plante africaine) serait plus efficace dans les cas de cancers hormonaux. Ces deux produits, appelés respectivement Pao V et Rovol V, ne provoqueraient aucun des effets secondaires nocifs et extrêmement désagréables des traitements de radiothérapie et de chimiothérapie et seraient même plus efficaces lorsqu'ils sont jumelés à ces derniers. En effet, les extraits se fixent encore mieux sur l'ADN cancéreux, car sa déstabilisation est accentuée par ces traitements.

Un autre produit tiré du Gingko Biloba (différent des suppléments de gingko habituellement offerts), le Gingko V, réduirait la fibrose provoquée par les radiations. Enfin, le Real Build, dérivé de l'ARN de la bactérie E. Coli aurait la propriété de protéger les cellules au moment des traitements de radiothérapie et de chimiothérapie et donc de diminuer de beaucoup les effets secondaires des traitements classiques.

Pas d'étude

Même si de 3 000 à 5 000 personnes prennent actuellement des produits (certains sous la supervision de médecins), aucune étude clinique ou épidémiologique n'a été faite pour comparer les résultats obtenus avec les produits Beljanski et les traitements classiques. Pour sincères qu'ils puissent être, les témoignages de quelques médecins et patients ne sont pas suffisants pour obtenir un aval scientifique. Pour l'instant, les successeurs de Beljanski n'ont pas obtenu le financement nécessaire pour ces études extrêmement coûteuses.

Des produits coûteux

Les produits Beljanski sont fabriqués aux États-Unis et vendus par Natural Source International par Internet. Ils coûtent entre 1,05 $ et 1,30 $ l'unité et sont considérés comme des suppléments alimentaires en vertu de la réglementation américaine. Selon le traitement et selon le poids du patient, celui-ci prend de 6 à 12 capsules par jour. La compagnie travaille actuellement à la mise au point d'une molécule de synthèse qui serait plus efficace et permettrait de baisser les coûts de production, mais ces travaux ne seront pas terminés avant trois ans. Les successeurs de Beljanski affirment également que leurs produits peuvent aider les personnes atteintes de SIDA, de lupus et d'autres maladies auto-immunes.

Situation litigieuse

Dans la saga qui a opposé Mirko Beljanski aux autorités médicales pendant de nombreuses années, un verdict a été prononcé au printemps dernier pour exercice illégal de la pharmacie. Plusieurs personnes, dont Mme Monique Beljanski, la veuve du professeur, et des patients, ont été condamnées à des peines de prison avec sursis et à de lourdes amendes. Les avocats ont déclaré vouloir en appeler de cette décision. Les tenants et aboutissants de ce procès-fleuve sont complexes. Résumons le tout en disant que d'un côté les successeurs de Beljanski sont convaincus d'avoir en main des produits efficaces, mais disent être aux prises avec des adversaires utilisant des manoeuvres douteuses pour saboter les travaux du chercheur. De l'autre côté, on reproche à Beljanski d'avoir remis des dossiers incomplets, ce qui a justifié le rejet de l'approbation comme médicament, d'avoir ouvert de multiples sociétés commerciales plutôt opaques et d'avoir incité des patients à abandonner leurs traitements classiques pour ne prendre que les produits en question.4Notez qu'actuellement, les successeurs de Beljanski recommandent aux patients de poursuivre leurs traitements de radiothérapie et de chimiothérapie.


Françoise Ruby – PasseportSanté.net

 

Le site officiel pour commander les produits M. Beljanski : Natural Source

 

Pour ceux qui n'ont pas entendu parler de ce chercheur :  You Tube

 

A chacun de ce faire son "idée" sur cette "possibilité", de prendre ses responsabilités. 

 

Le Point - Publié le 18/11/1995 à 17:22 - Modifié le 26/01/2007 à 17:22

 

Sur la nationale 7, à la sortie de Vienne, direction Valence, il faut prendre à droite, serpenter sur une petite route de campagne pour trouver la place du village de Saint-Prim. En face de l'église, de hautes portes abritent des bâtiments modernes du regard. Vous sonnez : les portes s'ouvrent. Une autre porte, une volée d'escalier : pas de doute, vous êtes dans un laboratoire. Avec de vraies paillasses, de véritables éprouvettes et une authentique odeur un peu âcre, qui rappelle les cours de chimie du lycée. Au fond, en blouse blanche, le « professeur » Beljanski.

Le mystérieux « professeur » Beljanski, devrait-on plutôt dire. Pour commencer, il n'est pas professeur, ni même docteur en médecine. D'ailleurs, la justice l'a condamné, en 1994, pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie. Plusieurs milliers de malades, atteints de maladies très graves, comme le cancer ou le sida, ont pourtant recours à ses « médicaments » illicites. Depuis octobre 1994, Mirko Beljanski peut même se targuer de compter dans sa clientèle un patient illustre nommé François Mitterrand - dont on pourra toujours se demander s'il lui a dû ou non quelque rémission. Quant aux pouvoirs publics, ils se trouvent en porte à faux face à ce biologiste qui prétend détenir des clés pour le traitement du cancer et du sida, mais s'obstine à taire la composition de ses produits.

Docteur ès sciences - pour de vrai, cette fois -, spécialiste de la biologie moléculaire, il fut chassé de l'Institut Pasteur en 1978 pour avoir poursuivi les recherches qui l'intéressaient contre l'avis de ses supérieurs. Au CNRS, où il a fini sa carrière, il n'est pas exagéré d'affirmer qu'il n'a pas laissé un excellent souvenir.

Pour autant, Mirko Beljanski n'a rien d'un chercheur médiocre. Il a même pressenti, dès la fin des années 60, que l'ARN (acide ribonucléique) pourrait être transcrit en ADN grâce à une enzyme. A l'époque, le manque d'orthodoxie de telles considérations lui valut plus de haussements d'épaules que de félicitations. Plusieurs années plus tard, pourtant, deux Américains obtenaient le prix Nobel de médecine pour avoir découvert la transcriptase inverse, une enzyme correspondant aux intuitions de Beljanski. Aujourd'hui, et depuis longtemps, le même homme assure obtenir, grâce à des produits biologiques conçus par lui, des résultats convaincants dans le traitement des cancers ou du sida.

Alors, Beljanski, marchand d'espoir ou visionnaire incompris ? Contrairement à nombre d'illusionnistes de la guérison, l'ancien chercheur emploie des arguments apparemment scientifiques, et brandit avec conviction courbes et croquis décomptant, selon lui, le nombre de souris mortes d'un lymphome sans son traitement, et celui de leurs semblables survivant grâce à l'administration de l'un de ses deux produits phares. A savoir le PB100, fabriqué à partir d'extraits de paopereira, un arbre brésilien, et le BG8, à utiliser en complément de la radiothérapie. De ses recherches, il peut parler des heures, passsionnément.

Du reste, il ne veut rien entendre. Les expertises de l'ANRS (Agence nationale de recherche contre le sida), qui a testé ses produits et conclu qu'ils n'avaient aucun effet démontré ? Les méthodes curieuses employées pour commercialiser à grand prix ses découvertes ? L'opacité financière de ses structures ? Son manque de coopération avec les autorités sanitaires, à qui il ne veut pas révéler la composition de ses gélules ? « Je travaille pour la science, se contente de répondre, ombrageux, le "professeur". Il y a ceux qui aiment la polémique, et ceux qui pensent au bien des malades. »

On n'ose, après une telle déclaration, l'interroger sur ses liens supposés avec son présidentiel client. Mais là c'est lui qui présente de manière incongrue, au-dessus d'une pile d'argumentaires scientifiques, la photocopie d'une lettre de François Mitterrand à Paris Match, publiée par l'hebdomadaire en avril.

Le Président a en effet tenu à compléter un article consacré au docteur Jean-Pierre Tarot, l'un des médecins qui l'ont pris en main récemment. « Je crains, écrit François Mitterrand, que votre article ne soit volontairement injuste pour le docteur Philippe de Kuyper, de Versailles, qui, après m'avoir vivement recommandé la radiothérapie, me donne depuis lors des prescriptions médicales que j'observe chaque jour et qui jouent un rôle décisif dans mon rétablissement. » Mirko Beljanski joint à cette documentation une lettre du docteur de Kuyper, publiée deux mois plus tard, toujours dans Paris Match. Le médecin y détaille, notamment, le traitement qu'il prescrit à son célèbre patient. Outre la radiothérapie, il s'agit d'un « traitement protecteur atténuant les effets secondaires des rayons ; de médicaments pouvant pénétrer dans les cellules cancéreuses pour les éradiquer.

Mitterrand rencontre Beljanski

Le docteur de Kuyper, qui voit François Mitterrand au moins une fois par semaine depuis octobre 1994, est en effet séduit par les produits mis au point par Mirko Beljanski. Il a même organisé une rencontre entre l'ancien président et le chercheur controversé au domicile parisien de celui-ci, boulevard de Port-Royal. Si Philippe de Kuyper a pris ses distances avec Mirko Beljanski, dont il n'apprécie pas, confie-t-il en privé, l'entourage, les descriptions qu'il fait du traitement prescrit recoupent néanmoins les explications de Mirko Beljanski : « J'ai toujours été obsédé par la sélectivité, dit le chercheur. J'ai donc cherché et trouvé des produits qui ne pénètrent pas dans le noyau des cellules normales, mais seulement dans celui des cellules infectées. Les autres médicaments n'ont pas cet effet sélectif. De plus, ils sont toxiques et ne peuvent donc être administrés sur de longues périodes avec des prises journalières. »

Une exigence exorbitante

Outre le PB100, antiviral qu'il recommande contre le sida et le cancer, l'ancien pastorien évoque le BG8-Alstonine, préconisé contre le cancer en association avec une chimiothérapie ou une radiothérapie : « La radiothérapie ou la chimiothérapie permettent de déstabiliser les cellules qui entourent la tumeur, et libèrent le chemin pour permettre à mon produit d'agir sur les cellules cancéreuses. » Une description qui correspond exactement à celle du docteur de Kuyper.

Peu de temps après la rencontre entre François Mitterrand et Philippe de Kuyper, qui lui a été recommandé par son très proche entourage, tous les initiés ont compris qu'il se passait quelque chose. Le docteur Claude Gubler, médecin du Président depuis trente ans, a cessé de le soigner depuis le 1er janvier. Encore a-t-il dû insister lourdement pour que deux médicaments relevant de la médecine traditionnelle continuent d'être administrés à son ancien patient.

C'est là une considérable différence avec le sort réservé au commun des malades qui fait confiance aux « produits Beljanski ». La plupart d'entre eux sont en effet invités à cesser tout traitement s'ils veulent bénéficier des découvertes du maître. « C'est ce que je reproche le plus à Beljanski, assure un médecin qui soigne de nombreux sidéens. Beaucoup de patients vont voir des mages ou des guérisseurs. Je ferme toujours les yeux, parce que cela peut constituer une forme de réconfort moral. Mais à une condition : que le patient n'abandonne pas le traitement que je lui prescris. »

Abandonner tout autre traitement : c'est cette exigence exorbitante de la part de Mirko Beljanski et de certains médecins prescrivant ses produits qui a conduit Claude Evin, ministre de la Santé en 1989, à porter plainte contre le chercheur et l'association qui le soutenait. Si bien qu'à l'hiver 1994, quelques mois après la condamnation de Beljanski, le cabinet de Simone Veil, ministre des Affaires sociales, connaît une période d'affolement : le traitement présidentiel allait faire de la publicité pour des produits illicites. On s'interrogea, on organisa des réunions pour envisager un communiqué, avant de décider de ne rien faire.

Il était difficile d'envisager une autre décision.

La plupart des malades soumis aux traitements Beljanski, ou tentés par eux, continuent donc d'ignorer que leur régime médical n'est pas exactement le même que celui de l'ancien président. Calomnie ? Le chercheur de Saint-Prim refuse de répondre. N'a-t-il pas, pourtant, mené campagne contre l'AZT, cet antiviral controversé prescrit aux malades du sida ? « Mes recherches montrent que ce médicament est toxique, mais je garde leurs résultats pour moi. »

Pas toujours. En 1989, par exemple, Mirko Beljanski écrit lui-même à un malade du sida : « Je viens de recevoir vos analyses. Les "Tu" baisse [sic] régulièrement à cause de l'AZT. Si vous le conservez, je ne peux pas vous aider avec nos produits. L'AZT est un poison. D'autre part, vous ne m'avez pas rencontré depuis cinq mois ou plus. Vous ne m'avez pas envoyé des analyses pendant plusieurs mois. Vous n'avez rien fait pour notre association... »

Dans un courrier adressé au ministre de la Santé Claude Evin, à la fin de 1989, un médecin qui avait fait confiance aux titres scientifiques et aux travaux présentés par Beljanski se sentait contraint, « pour des raisons d'éthique », de signaler un certain nombre de faits. Il soulignait « l'attitude hostile de M. Beljanski à l'égard de la recherche conventionnelle et de la médecine hospitalière », tandis qu'il incitait « les patients à se détourner de l'usage des thérapeutiques conventionnelles avec les graves conséquences que cela implique ». Beljanski avait à son tour écrit au ministre pour dénoncer le caractère calomnieux des affirmations de ce médecin. Celles-ci sont pourtant corroborées par plusieurs témoignages. Dans le service de cancérologie du professeur Claude Jasmin, à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, le personnel soignant avait ainsi constaté que l'association Cobra, qui se chargeait de la promotion et de la commercialisation des produits Beljanski, démarchait directement les malades pour leur proposer un traitement alternatif.

Commerce par correspondance

Le « dossier Beljanski » avait semblé suffisamment chargé au ministère de la Santé pour qu'il engage des poursuites contre Mirko Beljanski et l'association Cobra. Le fait que les malades soient invités avec insistance à s'éloigner des traitements traditionnels avait pesé lourd dans cette décision. Ne pas intervenir publiquement aurait en effet relevé de la non-assistance à personne en danger vis-à-vis de tous ceux qui refusaient les prescriptions habituelles pour conserver l'estime et les fournitures de M. Beljanski.

Le système élaboré pour promouvoir et commercialiser ces produits était lui-même particulier - et le reste aujourd'hui, même si sa structure a changé de nom. L'association Cobra (Centre oncologique et biologique et de recherche appliquée), disjointe du Cerbiol, le « centre de recherche » dirigé par l'ancien pastorien, se chargeait du battage en faveur des « médicaments ». Pour avoir accès au « professeur», il fallait commencer par adhérer à l'association, s'engager à faire des dons chaque mois et à démarcher d'éventuels donateurs dans son entourage.

Là réside le second accroc dans la pureté de la démarche scientifique beljanskienne. Les gélules ne sont distribuées que contre versement d'espèces sonnantes et trébuchantes, non pas directement à leur inventeur, mais à l'association Cobra. En moyenne, le « don recommandé » s'élève à 3 000 francs par mois, toute interruption des paiements entraînant celle de la livraison des produits. Une lettre de Pierre Silvestri, le président de l'association Cobra, à un patient canadien considéré comme mauvais payeur donne une idée assez précise des méthodes employées. « Je comprends mal, écrit Pierre Silvestri, que parmi vos amis et relations, ne serait-ce que par amitié pour vous, personne n'ait pu souscrire une cotisation symbolique de 100 francs... car, si vous croyez aux nouvelles thérapies du professeur Beljanski, vous pouvez être très directif auprès de vos connaissances... Dans le cas contraire, il est préférable que vous abandonniez ces thérapies. [...] Je puis vous citer comme exemple une maman, ouvrière dans une usine, dont nous aidons l'enfant de 9 ans, qui a su trouver 85 personnes en un trimestre. »

Cobra a aujourd'hui disparu, et son président s'est volatilisé. Quand les poursuites contre l'association et contre Mirko Beljanski ont été lancées, son curriculum vitae commençait à faire trop mauvais genre. Pierre Silvestri est connu depuis 1991 des services de police pour avoir, « en 1975 et 1980, fait l'objet de deux procédures pour banqueroute simple dans le cadre de la déconfiture de deux sociétés qu'il dirigeait ; du 6 au 21 mars 1990, il a été placé sous mandat de dépôt pour escroquerie et abus de confiance à la maison d'arrêt de Lyon par le juge Baillet, chargé du dossier concernant la liquidation judiciaire de la société de production Auramay Audiovisuel, dont il était le gérant non associé ».

Cobra, en outre, a vu déserter la plupart de ses « parrains » célèbres, inquiets des agissements de son président. Parmi eux : le général Bigeard, le sénateur Henri Caillavet, le cosmonaute Jean-Loup Chrétien.

Qu'est devenu Pierre Silvestri ? Mirko Beljanski répond par le silence méprisant du chercheur outragé. Mais, si la dénomination des structures change, les méthodes restent les mêmes. A Cobra ont succédé deux nouvelles associations, le CCS (Collectif cancer sida) et le Ciris, aujourd'hui présidé par Mirko Beljanski lui-même.

La condamnation pour exercice illégal de la médecine et de la pharmacie a-t-elle mis fin, au moins en apparence, à la commercialisation des produits Beljanski ? Il est permis d'en douter. Un courrier du CCS envoyé à des médecins fin septembre 1994 donne un numéro de téléphone « à votre disposition et à celle de vos patients pour toutes les commandes, sans limitation, des produits mis au point par le professeur Beljanski ; chaque lot étant vérifié avant expédition, les gélules étant surdosées, les prix étant abaissés, l'expédition étant gratuite ». Suivent les tarifs affichés de chaque médicament. P100 : entre 4 et 6 francs ; BG8 : 4 francs ; RLB (Remonte-leucocytes Beljanski) : 60 francs. Ces tarifs ne comprennent pas, on l'imagine, les dons à l'association.

Refusant d'apporter la moindre précision sur le fonctionnement de ce commerce par correspondance, Beljanski ne connaît qu'une réponse : la science et l'intérêt des malades. Justement : que peut-on dire - scientifiquement - des produits Beljanski ?

Mirko Beljanski s'est toujours refusé à donner la composition biologique de ses inventions. Un comportement incompréhensible de la part d'un vrai chercheur. « Si un scientifique découvre un médicament actif, sa première démarche consiste à le faire partager, remarque Marc Gentilini, professeur à la faculté de médecine de Paris. La science, c'est la lumière, pas les ténèbres. » Mais le « professeur » Beljanski se méfie, c'est un euphémisme, de « l'établissement ». Malgré le dépôt de brevets à l'étranger, il semble redouter de se voir confisquer ses précieuses découvertes.

Les différents essais opérés sur ses produits n'ont pourtant démontré aucune efficacité reconnue. En mars 1994, l'ANRS entreprenait, à la demande de la Direction générale de la santé, une expertise sur le PB100 concernant le traitement du sida. A cette occasion, l'agence demande à trois chercheurs qui avaient étudié ce produit, le professeur Jean-Claude Chermann, le professeur Jean-Marie Andrieu et Mme Chantal Damais, de préciser leurs conclusions. Elles sont claires : le produit ne montre une éventuelle efficacité, qui devrait être recontrôlée, qu'à des « concentrations élevées et trop près des concentrations toxiques pour être utilisable ». Puis l'ANRS procède à des expertises virologique, biochimique et toxicologique du produit. Verdict : « Aucun argument virologique ne justifie l'usage thérapeutique du PB100, au moins en tant qu'agent antiviral vis-à-vis du VIH, seul domaine concerné par cette expertise. »

L'affaire n'allait pourtant pas en rester là. Car, toujours méfiant, Beljanski avait confié le même échantillon, assure-t-il, à un laboratoire américain qui a rendu, lui, des conclusions plus positives.

Alors ? En leur âme et conscience, médecins et responsables de la santé publique se disent convaincus que les produits Beljanski, dans l'état actuel des recherches, ne présentent pas d'intérêt. « Ce qui fonctionne in vitro n'a qu'une chance infinitésimale de le faire in vivo, explique le professeur Jean-Paul Escande, chef du service de dermatologie de l'hôpital Cochin. Car une cellule isolée n'a plus d'interaction avec le reste de l'organisme. C'est aussi facile, dans ces conditions, d'anéantir une cellule infectée que de mettre Mike Tyson K.-O. si vous le ligotez à une chaise. Mais, ensuite, il n'y a qu'une chance sur un million que le principe actif soit efficace à l'échelle de l'organisme tout entier. »

Après ses démêlés avec la justice - il a été condamné, mais dispensé de peine - Mirko Beljanski, fort de la publicité que lui vaut le traitement de François Mitterrand, veut déposer un dossier d'AMM (autorisation de mise sur le marché), nécessaire à la commercialisation du produit (voir encadré). Des responsables de l'Agence du médicament l'ont donc reçu au début de l'été. Ils qualifient son dossier d'« inconsistant ». Car Mirko Beljanski s'obstine à ne pas communiquer la composition de son produit, d'une part, et n'a, d'autre part, aucun essai clinique à faire valoir.

La présentation de son « dossier » à l'Agence du médicament ne serait donc qu'une anecdote insignifiante si les quelques milliers de malades et de familles qui croient dur comme fer à ses découvertes ne constituaient un considérable groupe de pression. Lors de la plainte déposée contre lui par Claude Evin, le ministère de la Santé fut submergé de lettres de protestation, émanant à l'occasion de députés actionnés par leurs administrés.

Tout sauf un martyr

Les pouvoirs publics, échaudés par l'affaire du sang contaminé (voir

Le Point n° 1207), marchent donc sur des oeufs, et craignent par-dessus tout de mettre Mirko Beljanski en position de martyr de la science, une posture dont il raffole.

Cet homme, pourtant, est tout sauf un martyr. L'essai clinique organisé, aux frais du contribuable, par l'ANRS a coûté la modique somme de 350 000 francs. Ce n'était pas le prendre à la légère.

Il y a quelques années, en 1989, il a publié, en collaboration avec son épouse, Monique, un livre intitulé « La santé confisquée », publié par Compagnie 12, la maison d'édition de Valérie-Anne Giscard d'Estaing. Pour promouvoir cet ouvrage, qui s'en prend très ouvertement à la médecine officielle, Patrick Poivre d'Arvor l'a reçu à « Ex Libris », tandis que Paris Match publiait des extraits en « Document de la semaine » avec cette hallucinante accroche : « Nous avons un traitement, et on refuse de nous entendre : un extrait du livre-réquisitoire des professeurs Monique et Mirko Beljanski. » Le couple n'en proteste pas moins continûment contre la censure de la presse et la désinformation dont il serait victime, une maladie à ses yeux plus redoutable que le sida ou le cancer

Bio express

Né en 1923.D'origine serbe,chrétien orthodoxe, Mirko Beljanski est naturalisé français.

1948. Docteur ès sciences de l'université de Paris. Attaché, maître, puis directeur de recherche au CNRS jusqu'à sa retraite, en 1988.

De 1948 à 1978. Chercheur en biologie moléculaire à l'Institut Pasteur.

De 1978 à 1988. Chercheur à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry.

De la molécule au médicament

Dix ans, c'est le temps moyen qui s'écoule entre le moment où naît l'idée d'une molécule dans l'esprit d'un chercheur et l'arrivée d'un nouveau médicament sur le marché. Cette période sert à prouver - selon un protocole très strict - que le rapport bénéfice/risque est favorable. Au terme d'un véritable parcours du combattant, moins d'une molécule sur mille est retenue.

Le médicament candidat est d'abord testé sur des cultures de cellules animales puis humaines, choisies en fonction du but à atteindre. Ces études in vitro donnent une première idée assez précise des effets induits. Les chercheurs déterminent également les types d'animaux sur lesquels les expérimentations devront être menées, afin d'obtenir les résultats le plus facilement transposables à l'homme. Ils peuvent ensuite commencer à travailler in vivo.

L'expérimentation animale consiste à observer la manière dont la molécule se comporte dans un organisme vivant et son devenir. Pour cela, les études de toxicologie sont nombreuses. Elles permettent de déterminer les doses maximales administrables (la dose létale 50 est celle qui tue la moitié des cobayes qui la reçoivent), les éventuels effets sur la fertilité, la reproduction et la descendance. Elles tentent aussi de démontrer que le traitement n'induit pas de modifications génétiques susceptibles d'être transmises héréditairement et, dans certains cas, qu'il ne risque pas d'avoir un effet cancérogène à long terme.

Au bout de plusieurs années, les chercheurs peuvent émettre des hypothèses - même si l'extrapolation à l'homme est toujours difficile - sur la tolérance, l'efficacité du produit, la façon dont il est métabolisé, les doses utiles et toxiques, ainsi que les organes humains susceptibles d'être le siège d'effets indésirables. Certaines molécules arrêtent là leur courte carrière. D'autres sont jugées dignes d'être testées chez l'homme. Les essais cliniques se déroulent en quatre phases successives, mais seules les trois premières servent à la constitution du dossier d'AMM (autorisation de mise sur le marché) :

- La phase 1, celle de la première administration à l'homme, ne concerne qu'un petit nombre de volontaires sains. Dans des centres agréés et sous haute surveillance, on étudie pendant environ un an la tolérance du produit, la façon dont il est transformé et éliminé par l'organisme. C'est alors que l'on détermine les doses utiles.

- La phase 2 est destinée à vérifier l'efficacité du traitement chez un petit nombre de malades volontaires et à affiner les posologies, les modalités d'administration. Elle dure en général un à deux ans.

- La phase 3 permet de confirmer les résultats obtenus précédemment. Elle porte sur quelques centaines, voire plusieurs milliers de patients (en fonction des pathologies et des traitements existant déjà). Il s'agit d'essais comparatifs entre le nouveau produit et un médicament de référence ou, s'il n'y en a pas, un placebo. Ils ont lieu « en double aveugle » : ni le malade ni le médecin ne connaissent le traitement donné.

Au terme de cette période - qui dure plusieurs années - le rapport bénéfice/risque est enfin connu. S'il est jugé favorable par les experts après examen minutieux d'un très volumineux dossier, la molécule obtient la précieuse AMM et elle devient un médicament à part entière.

- La phase 4 dure tant que les médicaments restent disponibles sur le marché.

Cette surveillance permanente permet d'affiner les connaissances, de mieux évaluer la fréquence des effets indésirables, voire de mettre en évidence des effets accidents rares. L'AMM peut alors être retirée ou, au contraire, étendue à de nouvelles indications ou à des groupes de patients à risque. Le feu vert de l'AMM est donné pour un tiers des

dossiers ; 15 % des médicaments autorisés sont de nouvelles molécules.

 
ANNE JEANBLANC, SOPHIE COIGNARD


19/12/2013
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