expression de vie

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Sens

Le "sens" que je donne à ma "mal à vivre"

(première approche)
 
Chaque "cancer" a son histoire, c'est du moins une croyance que j'ai choisie parmi d'autres. Et elle me plait.
 
Voici en résumé celle du mien qui, bien entendu, se modifie au gré de mes prises de conscience, de mon énergie en l'instant.

 

Ce lymphome ou LNH, nom médical, je l'ai renommé de mes mots: "Mal à Vivre" afin de me l'approprier, de signifier le sens que je désirais lui donner.

 

Ainsi faisant je prends la responsabilité de ma vie. Au lieu de me sentir impuissant face au cancer, je deviens acteur d'une possible guérison, la mienne.

 

Il n'y a pas christian et son cancer, il y a christian. Le lymphome est une partie de moi certes, mais juste une partie parmi plein d'autres. Il ne m'est pas étranger, je ne lutte pas, j'écoute ce qu'il a à me dire.

 

Il est venu me visiter alors que je sentais ma vie dans une impasse, au bout de "quelque chose", comme essoufflée, épuisée.

 

1998 année "charnière".

2008 année "révélatrice".

 

1998, de profonds bouleversements entrent en jeu dans mon "existence".

 

Le plus marquant étant le décès de ma grand-mère maternelle, celle qui m'a "élevé".

 

Suit un changement important dans ma vie affective. Alors que je n'ai toujours pas réglé certaines «choses» du passé, je tente à nouveau de former un couple. Je cherche alors la «répétition» de situations affectives de mon enfance. Je procède en portant mon choix sur une femme propice à ce genre de scénario.

 

Enfin, autre changement tout aussi important, celui concernant ma vie professionnelle. Je quitte, sur un sentiment d'injustice, mon ancien service pour une nouvelle activité qui ne me convient pas, mais alors pas du tout. Elle est contraire à mes rythmes, à ma nature profonde.

 

Résultat, un stress intense et durable qui empêche alors toute analyse, toute réflexion. N'ayant aucune "vision claire" de la direction prise par ma vie, j'en quitte le gouvernail pour me laisser bringuebaler sur des flots incertains. J'accepte l'inacceptable.

2008, le processus arrive à son paroxysme.

 

La décision d'un départ en retraite anticipée stoppe net "l'agitation et l'urgence" professionnelles dans lesquelles je baignais chaque jour. Aucune période de transition alors que j'étais littéralement drogué à l'adrénaline.

 

Un déménagement effectué dans des conditions difficiles, justifié alors par le fait de poursuivre plus confortablement une vie dite à deux.

 

Un divorce d'une grande portée symbolique pour "régulariser", enfin, une situation vieille de 15 ans.

 

Et pour terminer, cerise sur le gâteau, une rupture qui signe le constat d'échec de ma "nouvelle vie de couple". En prime une cohabitation forcée d'un an, qui m'empêche d'en "faire le deuil".

 

C'est à cette période que j'ai ressenti les premiers symptômes de mon lymphome , sans me douter alors ce qu'ils signifiaient (sueurs nocturnes, démangeaisons, douleurs inexpliquées "dans" les os et un ganglion gonflé asymptomatique d'un seul côté du corps)

 

Ils traduisaient en fait un profond "Mal à Vivre" dont je n'avais pas saisi toute la portée. Je n'avais tout simplement pas pris conscience de l'absurdité de certains de mes choix de vie, totalement opposés à mon "être".

 

Je ne me respectais pas en étant dans une sorte de spirale, d'entonnoir qui menait à mon auto-destruction.

 

"Le cancer, s'il ne m'a pas éveillé, m'a pour le moins réveillé"

 

S'impose alors un programme: reprendre le gouvernail, éviter le naufrage annoncé d'une vie devenue "vide". Passer de la survie à la vie, ma vie.

 

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Le "sens" que je donne à ma "mal à vivre"

(seconde approche)

 

Voici une autre facette du sens que je donne à l'éclosion de ma pathologie.

 

En effet, je peux aussi considérer ma maladie ("mal à vivre") telle une tentative désespérée : "essayer à tout prix d'exister" (comme l'a été en son temps ma pratique ascétique du culturisme). Une dernière tentative avant une prise de conscience profonde et salutaire, ressentie au niveau même de mes cellules.

 

Comme je n'avais pas cette sensation, étranger à moi-même, absent, je me trouvais en position de dépendance. Je n'existais que dans le regard de l'autre. Que dans l'image qu'il me renvoyait et à laquelle en retour je m'identifiais.

 

J'étais devenu une sorte de temple dédié aux autres et sans eux il demeurait vide. Temple concrétisé par mon apparence, construite pour plaire, pour me faire remarquer. Mon mental s'était structuré de manière à tenter de deviner, de percevoir leurs désirs, leurs fantasmes, leurs demandes, leurs attentes. Ceci afin d'y satisfaire le mieux possible, en pour ou en contre. Bien sûr à ce jeu inconscient, initié par les émotions "conditionnantes" du vécu de mon enfance, je ne pouvais qu'être perdant.

 

Que de temps passé à, inconsciemment, organiser ce que je pourrais faire afin d'obtenir leurs attentions, leurs approbations, leurs permissions et surtout leur amour. Sorte de mendicité pour obtenir un court répit, celui, illusoire, de me sentir être.

 

J'en faisais trop, je parlais trop, essayant chaque fois d'avoir du nouveau, du neuf, c'était épuisant. Nouveaux sujets, nouvelles pratiques. Et quelle déception, quelle détresse lorsque bien souvent j'échouais et me retrouvais seul face au vide intérieur qui me caractérisait alors.

 

En ce sens, mon lymphome est peut-être l'expression d'un dernier appel au secours, "regardez-moi", "remarquez-moi", "touchez-moi", je suis là ! Heureusement dirais-je, lui aussi a "avorté", et cela a entraîné la réappropriation de mon corps, de mon "être".

 

Mon "anesthésie/initiatique" m'a "ramené", comme en cure chamanique, le "guérisseur" procède à un recouvrement d'âme.

 

Je veux préciser ici que ce "sens donné" devient conscient "après coup", sur l'instant il n'y a que le vécu, la pulsion de vie. A chacun de savoir ce qu'il veut faire de ce vécu, du négatif ? du positif ? les deux ? autre chose ? A chacun de trouver ses questions, ses réponses, de celles qui allègent, qui mettent "en-vie".

 

Je remercie Martine ma thérapeute actuelle qui m'a guidé dans cette aventure. Lors de cette plongée en apnée (mon opération nécessitant l'arrêt de ma respiration) que de transformations. C'est elle qui m'a aidé a mettre de l'ordre dans ce chaos, à intégrer tout ceci. Merci.

 

Je remercie aussi les personnes rencontrées lors des séminaires de respiration holotropique. Chaque humain est un monde à lui seul.

 

Je n'existais que "fragmenté" des pensées prêtées aux autres. 

 



28/03/2012
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