Salut l’ami Guy Corneau (Psychologie)
Voici un article ÉditÉ sur le site du magazine "Psychologie" :
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Salut l’ami Guy Corneau
Le psychanalyste Guy Corneau s'est éteint le 5 janvier 2017 à l'âge de 65 ans. L'hommage d'Arnaud de Saint Simon, directeur de Psychologies, de Jacques Salomé, de la psychothérapeute Sarah Serievic, de la journaliste Pascale Senk, du philosophe Bertrand Vergely et de la coach et psychanalyste Sophie Peters.
Sommaire
Arnaud de Saint Simon : « Un grand alchimiste, joyeux et lumineux »
« Quelles traces d’amour a-t-on laissées ? » C’est sans doute la seule question qui compte, disait Guy Corneau dans l'un de ses livres. Il s’est éteint le 5 janvier, à 65 ans. J’ai presque envie de dire « sur scène », tant le spectacle L’Amour dans tous ses états, qu’il jouait à Paris, racontait qui il était : une passion de jeunesse pour le théâtre, l’insatiable envie de transmettre, d’expérimenter avec le public, de s’impliquer en tant que psy. Et puis ce thème, l’amour, qui a toujours été compliqué pour lui, comme le disait le titre de son ouvrage N’y a-t-il pas d’amour heureux ? (Robert Laffont).
Que dire en quelques lignes du parcours de cet insatiable défricheur, psychanalyste, homme de théâtre et de spectacle, auteur, conférencier. Passeur. Et ami. Il travaillait et créait intimement, sincèrement, avec ce qu’il était, ce qu’il avait traversé, ce à quoi il aspirait. C’est en homme, en fils, qu’il avait écrit Père manquant, fils manqué (Les Editions de l'homme), son livre le plus connu, et pour moi le plus éclairant, subtil, sur la masculinité. Un engagement qu’il avait poursuivi avec la création de ses groupes de développement personnel du Réseau hommes, où il nous apprenait l’art de vivre au masculin.
Plus de quarante ans d’une maladie chronique et le cancer dont il fut victime il y a près de dix ans – et dont il a « miraculeusement » guéri, ainsi qu'il le raconte dans Revivre! (J'ai lu) - l’avaient amené à réfléchir sur les aspects psychologiques et spirituels de la maladie. Et, comme on ne se refait pas, il avait poursuivi avec des groupes de parole pour transmettre son expérience et accompagner les personnes victimes.
La singularité de Guy était sans doute le croisement de ces grands thèmes récurrents avec une réflexion permanente sur la façon de transmettre, marquée par la générosité, la curiosité, l’expérimentation. Dans son association, Cœur.com, il mariait création artistique et archétypes jungiens. Présent dans d’innombrables émissions de radio et télévision – au Canada, Guy était une figure publique –, il avait été l'un des premiers chroniqueurs de Psychologies. Il était parti plusieurs fois en croisière avec nos lecteurs, notamment en Islande l'été dernier, et s’était dépensé sans compter en conférences, dîners, séances de méditation guidées… Le contact avec son public était son moteur. Il parlait de son fils de cinq ans avec des étoiles dans les yeux. Tous ses amis ont perdu un grand alchimiste, joyeux et lumineux.
Jacques Salomé : « J'ai perdu "mon fils spirituel" »
Mon cœur pleure… Celui qui est venu plusieurs fois à ma rencontre, sourire éclatant, yeux brillants de lumière, pour partager avec son « père spirituel », comme il aimait m’appeler, s’est éteint. Corps malade, esprit en deuil, je garde au profond de moi le souvenir d’une belle âme princière qui avait su apporter « le meilleur de soi » dans chacun de nos engagements tournés vers le mieux-être. Plume alourdie de chagrin, je rends hommage à l’homme qui avait su donner le goût de la vie à des millions de personnes en souffrance de par le monde, par son courage de « revivre » au-delà des frontières imposées par la maladie.
Je rends également hommage à l’artiste qui avait su dialoguer avec les errances de son mal, pour mettre au monde par des mots bienveillants l'expression créatrice, ouvrant notre cœur vers plus d’amour et d’humanité. Dans l’infini joyeux de notre relation, je rends hommage à l’ami précieux qui avait su m’accompagner dans mes projets ou mes combats, mes plaisirs ou mes tempêtes existentielles. Aujourd’hui, Guy n’est plus et pourtant il reste proche. Une étoile brillera dans le ciel de ma Provence pour m’envoyer son « clin d’œil » et veiller à jamais à « la guérison du cœur » d’un « père manquant »…
Je souhaite à tous ceux qui ont été réveillés par Guy ou qui ont suivi sa démarche de garder en eux, au-delà des regrets et de la tristesse liés à son départ, une lumière qui scintille, un signe qui montre un chemin. A ses proches, j’adresse mon soutien cordial.
Jacques Salomé, le 6 janvier 2017
Sarah Serievic, psychothérapeute : « Merci Guy »
Te voilà déployé dans ta forme illimitée...
À Dieu Guy !
Merci de nous avoir donné le meilleur de toi-même.
Merci d'avoir, par ton intuition, ton enthousiasme et ton talent, élargit le champ de conscience de la thérapie.
C'est une grâce d'avoir travaillé à tes côtés dans cette grande aventure de cœur.com
Va en paix, tout est accompli.
Ton œuvre et ton rayonnement continueront de raviver les cœurs et nous t'en seront éternellement reconnaissants !
Pascale Senk, journaliste : « Guy mettait chacun en contact avec son étincelle créatrice »
Clinicien talentueux, comédien, poète, passeur de psychanalyse, auteur, leader de troupe, de groupes, de stages, cancer survivor, musicien, explorateur des mythes… les mots manquent quand il s’agit de définir Guy Corneau. D’autant plus que, chez lui, les qualités étaient toujours doubles : souvent lumineux mais capable de tristesse, accueillant mais toujours conscient du « cadre », charmeur mais aussi toujours spontanément charmant, simple mais doué d’une grande profondeur d’âme et d'intelligence… Oui, Guy réunissait parfaitement ces contraires dont Carl Gustav Jung, sa référence en psychanalyse, appelait à la réunification. Et Guy incarnait parfaitement ce dont il savait si bien nous parler dans ses livres : être heureux, oui, devenir « le meilleur de soi », oui, c’est l’objectif. Mais afin d’y arriver, impossible de zapper l’exploration de ses zones d’ombres, tâche moins agréable que se scotcher un sourire permanent en faisant « comme si »… A une époque où de nombreux cliniciens nous répètent « faut qu’on… » ,« il n’y a qu’à… », Guy ne dissimulait pas l’ardeur de la tâche à entreprendre pour épurer, transcender et finalement vivre réconcilié avec nos noirceurs afin de devenir des cœurs libres.
J’aime de lui cette parole qui avait titré l’un de nos nombreux entretiens – Guy était absolument délicieux à interviewer, généreux et présent tout du long : « Nous sommes là pour nous déployer ». Car la créativité reste et restera pour lui l’alpha et l’oméga de son enseignement. Il ne cessait de le démontrer dans son propre parcours. Je garde un souvenir à jamais reconnaissant du stage Isis et Osiris que j’ai eu la chance de vivre il y a une vingtaine d’années, accompagnée par Guy et les formidables cothérapeutes qu’il avait su embarquer avec lui… Comme de nombreux participants qui étaient parvenus grâce à son travail à entrer en contact avec leur « étincelle artistique », j’étais ressortie de là avec un profond désir de chanter et écrire des chansons ; il m’y encourageait à chaque fois que nous nous revoyions. Il y a deux mois, Guy et moi faisions de la musique ensemble sur la scène chaleureuse du festival "Une autre façon d’aimer" à Cabourg. Il était alors très affecté par la mort de son chanteur préféré, Leonard Cohen, et avait voulu interpréter une ballade toute en lenteur et ombres de son compatriote, Story of Isaac. Puis nous avons entonné une chanson des Beatles… Je garderai à jamais le souvenir de ces moments à la fois joyeux et profonds si emblématiques de la présence singulière de Guy. Une flamme qui continuera de briller dans le cœur de tous ceux qu’il a su tant et si bien inspirer.
Bertrand Vergely, philosophe : « Guy est un des êtres les plus magnifiques que j’ai rencontrés dans ma vie »
Il y a eu la vie avec Guy. C’était une merveille.
Il va y avoir la vie sans Guy. Ce sera lourd.
Guy est un des êtres les plus magnifiques que j’ai rencontrés dans ma vie. Il va laisser derrière lui un vide que rien ne pourra combler.
Ce soir est un soir de chagrin et de peine. Mais je veux dire une seule chose en dépit de tout : merci Guy. On ne t’oubliera pas. Tu étais dans notre vie comme une flamme. Tu seras désormais dans nos cœurs comme une lumière. Celle que tu as toujours été et que tu seras désormais pour toujours.
Sophie Peters, coach et psychanalyste : « Guy était un fin connaisseur de l'âme humaine »
La disparition brutale de Guy laisse un grande vide. J’ai eu la chance de partager avec lui des moments formidables au Festival de Cabourg et de le voir sur scène au théâtre, à Paris en décembre, où il jouait la pièce qu’il a écrite, L’amour dans tous ses états. Je dis bien la chance car il dégageait de la joie, de la lumière et de la douceur, de la bienveillance et de la délicatesse, lui qui avait vaincu son cancer.
Parce que « les morts ne nous demandent pas de les pleurer mais de les continuer », je vous invite à continuer Guy Corneau, comme l’a suggéré Marie de Hennezel, en vous plongeant dans ses ouvrages, qui sont autant de chemins qu’il a ouverts pour nous tous. Lui qui disait, en infatigable passeur, que la seule question qui comptait à la fin d’une vie sont « quelles traces d’amour a-t-on laissées ? », il nous en a laissées d’innombrables en travaillant son métier de psy avec ce qu’il était intimement et sincèrement. Pas un psy sachant, mais un fin connaisseur de l’âme humaine. Une connaissance qu’il partageait généreusement et en toute humilité.
janvier 2017
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