expression de vie

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Imagination

 

Dans mon enfance l’imagination semblait être réservée aux enfants, aux artistes, aux rêveurs, aux personnes qui n’avaient pas « les pieds sur terre », bref, rien de bien sérieux.

 

L’adulte responsable, lui, apte à prendre des décisions, se devait de reléguer cette notion peu fiable aux oubliettes. Elle ne devait en rien faire partie de ses bagages.

 

L’intelligence par contre était de « bon ton », sinon indispensable; d’ailleurs ne prouvait-elle pas la supériorité de l’homme sur l’animal. Une valeur sûre plébiscitée par l’élite et la majorité.

 

Peu à peu les gens se coupèrent de cette capacité à s’abstraire de ce que l’on nommait « la réalité ». De plus, en ces années 50, accompagnant cette tendance, un nouveau dieu était apparu supplantant tous les autres, la science. Elle  allait nous sauver de l’obscurantisme, de nos superstitions, de nos croyances, elle allait nous apporter le bonheur.

 

Certes, elle existait déjà depuis un bon moment, mais là, en sortie de la dernière guerre, c’était « autre chose », elle avait atteint des sommets.

Ses progrès avait été fulgurants, phénoménaux même, promettant de l’être toujours plus à l’avenir.

 

L’urgence de faire face à ce conflit mondial avait considérablement motivé et inspiré les peuples en ce domaine. Restait, la paix revenue, à trouver de nouvelles applications à toutes ces découvertes si prometteuses.

 

Ce fut fait ! Tout alla très vite. Le processus enclenché, son accélération s’amplifia  telle une boule de neige qui dévale une pente. Il atteint son paroxysme avec l’arrivée de l’informatique qui,  prenant le relais, lui conféra une pérennité, sa croissance devenant de ce fait exponentielle.

 

Nous savons tous désormais, scientifiquement, où cela nous mène.

Même si nous ne voulons pas encore le regarder en face,  nous ne pouvons plus l’ignorer. Avoir tout misé sur cette notion d’intelligence, de mental, d’analyse, de calcul, de contrôle, ne pouvait qu’être prévisible pour « les initiés » : « une impasse ».

 

Si nous n’arrivons pas à nous défaire de cette « glue mentale » nous entraînant  progressivement, et de plus en plus vite, vers l’urgence de changer, nous nous dirigeons vers des « temps difficiles ». Afin ne pas disparaître prématurément, nous devons retrouver un équilibre et remettre l’imagination à la place qui lui revient à côté de l’intelligence.

De nombreuses autres cultures qui utilisaient l’imagination, ont été considérées comme primitives, sinon sauvages, en opposition à la nôtre dite civilisée.

 

Encore aujourd’hui, les aborigènes Australiens en sont un exemple significatif avec ce qu’ils appellent  « le temps du rêve ». Nous commençons à prendre conscience que ce qui existe est aussi important que ce qui n’existe pas, ou plutôt existe « autrement ».

 

 

 

Notre quête de l’avoir s’essouffle. Le toujours plus de connaissances, de savoir, de possessions matérielles sans aucune contrepartie spirituelle, est arrivé à son terme. Les Amérindiens en ont été victimes en leur temps. Ils  ne comprenaient pas cet « affolement possessif », cette soif insatiable d’acquérir, d’acheter de la terre, d’avoir à tout prix en oubliant d’être. Ils entretenaient un autre rapport avec leur environnement.

 

Il est pourtant bien simple de constater que cette notion d’imagination est indissociable de l’être humain. Elle se manifeste sous différentes formes, une des plus importantes à mes yeux étant celle désignée par le mot spirituel. Le mot imagination est tout simplement un synonyme d’Être Humain, il serait bon de lui rendre ses lettres de noblesse !

 

Même les plus cartésiens ont échoué à éradiquer cette partie d’eux-mêmes qui se manifeste naturellement depuis la nuit des temps. Elle peut être niée, refoulée, négligée, mais demeure essentiellement humaine.

 

Nous aurions beaucoup « à gagner à perdre » de notre arrogance, de notre toute puissance infantile, à revoir notre façon de communiquer avec nous-mêmes, avec les  autres et avec  l’univers. Réinventer sincèrement notre manière d’être au monde.

 

Le chamanisme a été pour moi la reconnaissance de ce concept essentiel pour l’être humain en devenir. Une sorte d’intégration définitive, inconsciente et consciente, de cet élément présent durant toute mon enfance. Pourquoi a-t-il joué ce rôle ? Parce qu’il est venu de l’intérieur de manière imprévisible et non de l’extérieur sous une forme mentalisée.

 

L’imagination est le pouvoir de créer sa vie. Si vous en doutez, essayez de vivre sans elle, je veux dire totalement. Impossible. Vous ne pouvez agir sans avoir pensé de façon abstractive à le faire, même pour le plus banal de vos gestes. Chaque pensée engendre une action ou une non action (qui est déjà en quelque sorte une action) suscitant des réactions. Donc si votre vie ne vous convient pas ou plus, il serait bon d’apprendre à  penser différemment; c’est là qu’intervient l’imagination.

 

Loin de moi l’idée d’échapper à l’instant, à la réalité, à l’époque actuelle en idéalisant certaines cultures. Au contraire, ma démarche est  d’utiliser, d’intégrer,  ce qu’il y a de « meilleur » dans chacune.

 

Si nous retirons l’imagination, reste un monde dogmatique et morbide qui  s’isole de toute énergie nouvelle et plonge ainsi progressivement vers sa disparition. De même rejeter l’intelligence nous mènerait au même résultat.

 

Notre défi, me semble-t-il, est de devenir complet, entier, d’accepter toutes nos parties, de recouvrer celles qui se sont dispersées. Il est bon de ne pas oublier que la vie alimente la vie !

 

                                    

                                    Sisters Dreaming

 

 



04/08/2012
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